Le conformisme peut être dû à plusieurs raisons :
- On peut se conformer par complaisance, le conformisme devient alors utilitaire il n'atteint pas les croyances profondes de l'individu mais lui permet seulement de ne pas se faire remarquer ni d'avoir de problèmes et ainsi d'éviter le conflit.
-On peut se conformer par identification, on se conforme parce qu'on s'identfie à ce groupe et que l'on veut plaire à ses membres, son enjeu est l'acceptabilité sociale.
-On peut se conformer par intériorisation, le point évoqué par la majorité est alors intériorisé au point que l'individu, convaincu par ce qu'il a vu ou entendu, n'a pas l'impression de se conformer mais d'adhérer de son plein gré. C'est notamment quand la majorité a une haute crédibilité que ce type de conformisme se développe.
Incapable de s’accomplir dans la solitude, l’homme dans ses rapports avec ses semblables est sans cesse en danger : sa vie est une entreprise difficile dont la réussite n’est jamais assurée. (Simone de Beauvoir)
Salomon Asch, célèbre psycholoque a tenté en 1951 d'étudier et d'analyser l'influence du groupe (conformisme par intériorisation) sur l'individu grâce à une expérience. En effet, il invita un groupe d'étudiants de 17 à 25 ans à participer à un prétendu test de vision. Tous les participants étaient complices avec l'expérimentateur, sauf un. L'expérience avait pour objet d'observer comment cet étudiant (le "naïf") allait réagir au comportement des autres.
Les complices et le sujet dit "naïf" furent assis dans une pièce et on leur demanda de juger la longueur de plusieurs lignes tracées sur une série d'affiches. À chaque fois, il fallait qu'ils désignent laquelle était la plus courte, lesquelles étaient de même longueur, etc. Au début, les complices donnent à l'unanimité la même fausse réponse avant de laisser le "naïf" répondre en dernier.
Tandis que la plupart des "naïfs" répondirent correctement, beaucoup furent assez perturbés, et un grand nombre (33 %) finissait par se conformer aux mauvaises réponses soutenues à l'unanimité par les complices. Les "naïfs" étaient même amenés à soutenir des réponses allant contre l'évidence et leur propre vue (voir l'expérience filmée), pour par exemple affirmer que deux lignes avaient la même longueur, alors que l'écart était très visible car de plus de 5 cm.
Après l'annonce des résultats, le "naïf" attribuait généralement sa piètre performance à sa propre "mauvaise vue". On note que le "naïf" se dédouane de la responsabilité de ses décisions sur un élément extérieur à sa volonté.
Voici l'expérience filmée ci-dessous, <cliquez sur la vignette>
A notre tour, nous avons décidé de reproduire cette expérience au sein de notre établissement scolaire avec des lycéens entre 15 et 18 ans. La vidéo a été tournée le vendredi 11 février avec les élèves s'étant portés volontaires lors du sondage effectué.
Après avoir aménagé notre salle de classe, réparti les volontaires en plusieurs groupes en déterminant qui seraient les "complices" et les "naïfs", nous leur avons donné rendez-vous dans la salle du tournage et demandé de s'assoir aux places qui leur étaient destinées, en effet, le choix n'était pas anodin, le "naïf" étant placé soit en dernière soit en avant-dernière position. Ensuite, nous avons pris soin d'expliquer à chacun discrètement de quoi il s'agissait en omettant bien entendu de faire part au "naïf" de l'enjeu de cette expérience mais en lui demandant simplement de choisir le segment parmi 1, 2, 3 et 4 qu'il estimait correspondre au segment X.Au final, nous avons obtenus des résultats plus probants que ceux de Asch, puisque dans seulement 25% des cas la pression du groupe n'a pas influencé le jugement de l'individu "naïf".
Voici notre expérience filmée ci dessous, <cliquez sur la vignette>
Ces deux expériences démontrent bien qu'on peut se conformer par intériorisation, car l'individu "naïf" a intégré la réponse de la majorité, sans avoir l'impression de se conformer sur le moment même, mais au contraire d'adhérer de son plein gré. De plus, aux yeux du "naïf" la majorité avait ici une haute crédibilité puisqu'elle était en outre composée de ses pairs.