Comme nous l'avons constaté dans la pyramide de Maslow, le conformisme peut permettre l'accomplissement de l'individu, cela lui permet en effet de gravir les échelons et de passer ainsi de l'état d'individu à celui de personne. En outre, il faut nuancer les termes "individus" à savoir ceux qui constituent un ensemble, "Une des briques du mur", le mur étant la masse formée par l'ensemble des individus. et le terme "personnes" désignant chaque personnalité indépendamment de la masse représentée par les individus. Cette notion est développée dans la chanson Another brick in the wall de Pink Floyd et dans le film qu'elle a inspiré : The Wall d'Alan Parker.
Another brick in the wall, Pink Floyd <cliquez sur la vignette>
The Wall, Alan Parker <cliquez sur la vignette>
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette chanson ne prône pas l'abolition de l'éducation ou quelqu'autre idée anarchiste. Elle parle simplement d'individualité. Quand les enfants chantent "We don't need no education" ils n'évoquent pas l'instruction en général, mais la forme d'instruction qu'ils ont reçue dans leurs vies. Ces enfants n'ont pas besoin que les professeurs leur disent quoi penser; ils n'ont pas besoin d'être ridiculisés à cause de leurs différences (lorsque le petit garçon écrit des poèmes et que son professeur le surprend).
L'idée fondamentale est que les professeurs devraient enseigner mais ne pas conformer. Cette idée est clairement exprimée dans le film lorsque tous les enfants défilent dans la salle, portant des masques similaires, marchant au même rythme. A première vue, ils n'ont aucune individualité : ils marchent sans regarder et tombent dans le broyeur de viande au bout du tapis.
Another brick in the wall de Pink Floyd dénonce ainsi le phénomène du conformisme, en outre on note au fil du clip que les élèves sont en proie à une véritable perte d'identité, du statut de "personne à part entière" il devienne des "individus", ils perdent leurs identités personnelles, leurs visages deviennent similaires sans aucune âme apparente. Ils constituent une masse, métaphorisée par le résultat à la sortie de leur passage dans le hachoir à viande à la fin du clip. Aussi, note-t'on, ici, l'importance du titre Another brick in the wall à double sens. Dans un premier temps, il métamorphose la masse en mur et chaque individu conforme à une brique de ce mur. Et dans un deuxième temps, on pourrait aussi pensé que le mur est ici une métaphore du conformisme lui-même qui empêche les personnes de s'épanouir indépendamment du groupe.
Les élèves poussés dans le hachoir à viande, deviennent de la masse.
Un point intéressant dans cette chanson est la touche de conformisme dans l'anti-conformisme : ces enfants sans défense, regroupés là et chantant à l'unisson prouvent que le conformisme se trouve même là où l'on s'y attend le moins. Il est également possible que le groupe ait voulu prouver à quel point le conformisme est omniprésent, même quand on est petit, et même quand on se révolte. Cest également pendant cette chanson qu'on aperçoit les premiers marteaux (dans le mécanisme de la machine qui broie les enfants). Les marteaux constituent un symbole majeur dans le film. Ils symbolisent essentiellement deux choses : le pouvoir impitoyable et le conformisme oppressif. Dans ce passage, les marteaux font tourner la "machine à conformer les gamins". Le marteau est un outil à deux usages : il peut aussi bien construire que détruire. Ainsi, Pink Floyd s'en servira pour bâtir son mur, mais aussi pour l'abattre.
La parade des marteaux.
L'uniformisation peut entraîner une perte d'identité,comme l'évoque dans son clip le groupe Pink Floyd, les visages des jeunes écoliers, symbolisant leur individualité et leur personnalité, s'effacent peu à peu sous l'influence du conformisme.
Le fait de se conformer induit en effet une perte d'identité, de personnalité, d'âme (regards vides), l'individu conformiste renonce à toute ambition originale, il se fond ainsi dans la masse, il devient un mouton suivant son troupeau, ce qui rejoint l'expression tout à fait négative du "mouton de Panurge", représentée ici par le peintre Serrier :
En effet, en général, l'identité d'un individu est assurée par un sentiment d'appartenance à des groupes sociaux plus ou moins larges. Le fait de se sentir bien chez soi ou à l'école, de se sentir utile au groupe et solidaire des autres constituent des indicateurs du sentiment d'appartenance d'une personne. L'appartenance sociale est une aspiration essentielle de l'humain. Elle lui procure un effet de reconnaissance et constitue un élément de son identité. L'appartenance est le signe d'un lien humain et d'une place parmi les autres. Dans ce cas, on peut se conformer par identification, et l'enjeu de cette conformité est l'acceptabilité sociale car l'on veut plaire aux membres de ce groupe. Par exemple, le jeune Rastignac dans "Le Père Goriot" de la Comédie Humaine de Balzac est membre de la petite noblesse de province et quand il monte à Paris, il a l'espoir de se faire accepter dans la Haute Noblesse et de se faire un nom parmi elle. Ainsi, on peut dire que la Haute Noblesse est le groupe de référence (groupe auquel on n'appartient pas mais duquel on intériorise les valeurs car on espère y appartenir) d'Eugène Rastignac.
De plus, l'individu tout au long de sa vie cherche à donner un sens à son existence. Il peut y parvenir grâce au conformisme puisque l'identification à un groupe a lieu dans l'amour, dans le couple,ou dans la famille comme dans de nombreux domaines. L'individu utilise alors le conformisme pour forger son opinion, sa personnalité et cela est capable de lui procurer la reconnaissance, l'approbation, l'admiration ou l'amour des autres. Souvent, le conformisme est un passage nécessaire pour devenir ce que l'on veut être.
Par ailleurs, le conformisme évite de nombreuses contraintes. Notamment dans le choix des prénoms des enfants car celui ci peut provoquer des moqueries si l'enfant a un prénom moins courant, plus original. Ainsi, on retrouve le conformisme dans le choix des prénoms (certains prénoms fréquents: Lucas, Thomas, Marie, Léa, Emma...), dans l'habillement (de plus en plus de personnes ont le même style vestimentaire où on retrouve la plus part du temps les mêmes couleurs), dans les goûts artistiques (le football pour les garçons et la danse ou l'équitation pour les filles), dans les idées philosophiques et politiques et dans le comportement de tous les jours.
Le conformisme pemet l'intégration à un groupe, c'est à dire en adopter les usage, les croyances, les comportements, les codes divers. Ainsi, ces individus conformes peuvent du même coup bénéficier des avantages de cette appartenance:estime du groupe, appui en certaines circonstances et sentiment d'être dans le vrai, le bon et le beau, parce qu'on adhère étroitement aux convictions, à la morale, aux critère esthéiques, du groupe dont on se revendique. Dans le "Meilleur des Mondes" Huxley nous montre avec quelle ardeur Bernard-Marx s'efforce de se faire accepteer par le groupe et comment, à l'opposé, John sera si malheureux de ne pas être "conforme" qu'il finira par se donner la mort.
Comme nous l'avons étudié précédemment, l'accomplissement personnel est atteint après être passé par les différents niveaux de la pyramide de Maslow. Si le conformisme permet d'atteindre le troisième et le quatrième niveau car il permet à l'individu d'appartenir à un groupe (niveau 3) et d'obtenir une certaine reconnaissance de la part de ses pairs (niveau 4), il peut dans certains cas ralentir l'ascension de l'individu. Le conformisme devient même dans certains cas la cause de certain troubles ou de certaines maladies allant parfois jusqu'à la mort, (l'individu ne peut donc plus atteindre le premier niveau de la pyramide).
"Les grandes routes du conformisme mènent à la médiocrité et au malheur" Hulot dans Les chemins de traverse.
Le thème du conformisme a été évoqué dans de nombreuses oeuvres filmographiques, on retrouve parmi elles Le conformiste de Bertolucci et Les noces rebelles de Mendes, toutes deux dénoncent certains aspects néfastes du conformisme.
Le Conformiste, thriller réalisé par Bernardo Bertolucci, sorti en 1970, est une œuvre riche en réflexions subtiles sur le comportement humain et sur la nature influençable de l’homme en société. Dans ce film Jean-Louis Trintignant interprète Marcello, un homme dont la seule motivation est de s’intégrer au monde qui l’entoure. C’est l’unique raison pour laquelle il se marie à Giulia et veut fonder une famille C’est aussi ce qui explique sa collaboration avec le régime fasciste.
Par ailleurs, Alexis De Tocqueville dénonçait l'absence d'indépendance d'esprit et de liberté de discussion dûe au régime démocratique qui favorisait l'émergence des classes moyennes et l'uniformisation de la société. En effet, selon lui " la démocratie engendre le conformisme des opinions dans la société à cause de la moyennisation de la société". On peut donc en déduire que le conformisme, peut entraîner la dérive politique.
En un sens, Les noces rebelles (de Sam Mendes d'après le roman de Richard Yates) est un thriller sociologique sorti en 2009 où le poids de la société est suffisant pour écraser les âmes rebelles. Richard Yates, l’auteur du roman dont est tiré le film, souhaitait condamner le conformisme et le délire sécuritaire de l’Amérique des années 50. Le titre faisait référence aux idéaux de la Révolution de 1776, comme si l’anticonformisme était la seule manière de sauver son pays.